L’île est moins connue que sa voisine, Bintan, et pourtant Batam n’est qu’à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Singapour. Certes ses plages sont moins réputées que celles de la grande Pulau Bintan mais de nombreux complexes hôteliers se construisent et parient sur le tourisme en expansion.

Au départ de l’embarcadère de Harbourfront, seules 45 minutes suffisent pour traverser le détroit de Singapour et rejoindre l’île indonésienne. Le centre-ville grouille de petites échoppes de fortune installées sur les trottoirs. Subitement, on est loin du Singapour ordonné et organisé. Dans les terres, les paysages vallonnés et verts intenses contrastent fortement avec la mer d’un bleu tendre que l’on aperçoit au loin. Le long de la route, défilent cocotiers, bananiers et autres plantations de fruits du dragon.

Sur l’île de Galang, accessible par la route depuis Batam, demeure un ancien camp de réfugiés vietnamiens arrivés dans les années 1980 par les fameux boat-people. Et sur celle de Rempang, se dresse au sommet d’une colline un temple bouddhiste dédié à la méditation, Pa Auk Tawya Vipassana Dhura Hermitage.

Une journée suffit au dépaysement le plus total.

A Singapour, l’enseigne suédoise déborde d’imagination en matière de spots publicitaires.

Pour souhaiter de joyeuses fêtes d’Halloween à ses clients, le géant de l’ameublement a mis en ligne la semaine dernière une vidéo fortement inspirée du film d’horreur Shining de Stanley Kubrick. Dans ce clip d’une minute et 24 secondes, Danny, un petit garçon du même nom que le héros du film des années 1980, pédale assis sur son tricycle dans les couloirs sombres d’un magasin IKEA après sa fermeture. Soudain, il se retrouve nez-à-nez avec deux personnes étrangement habillées d’une même robe bleue, lui demandant de « venir payer » avec elles. Dans le film culte, le garçonnet voit le fantôme de jumelles qui l’invitent à « venir jouer » avec elles. En une semaine, la vidéo a déjà été vue par près de 3,8 millions d’internautes.

IKEA versus Apple

Mais la filiale à Singapour ne manque décidément pas d’humour.

Début septembre, pour annoncer la sortie de son nouveau catalogue 2015, l’enseigne suédoise a parodié les publicités d’Apple vantant les propriétés de ses tablettes ou téléphones. Le livret IKEA de 328 pages appelé « bookbook » dans ce clip, est alors mis en avant comme s’il s’agissait de la dernière nouveauté technologique de la célèbre marque à la pomme. La vidéo intitulée « Experience the power of a bookbook » a récolté plus de 12,7 millions de vues.

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Stéphanie Lemaire, styliste et fondatrice de la marque Château de sable. ©CDS

Avec son mètre enfilé autour du cou, Stéphanie Lemaire est en plein travail, cachée derrière quelques portants de vêtements. Sans doute, choisit-elle ses tissus, ajuste-t-elle ses prototypes ou dessine-t-elle de nouveaux croquis ? Dans ses bureaux d’Arab Street situés en plein cœur du quartier textile de la Cité-Etat, la styliste crée avec son équipe en moyenne deux à trois modèles chaque jour pour sa marque qu’elle a lancée il y a près de 14 ans.

Après avoir travaillé à Paris pendant plusieurs années pour de grandes enseignes de prêt-à-porter telles que Cyrillus, La City puis Camaïeu, elle décide, en arrivant à Singapour, de fonder sa propre ligne de vêtements pour enfants, « Château de sable ». Avec comme mot d’ordre : qualité et soin des détails qui apportent une touche de modernité à des modèles plutôt classiques. « On crée même nos tissus sur ordinateur », explique la styliste, exigeante et soucieuse d’innover.

« Je me suis très vite lancée dans mon business plan, j’ai trouvé des fabricants en Malaisie pour limiter les frais et j’ai commencé mes premières ventes à la maison », se souvient la directrice âgée d’une trentaine d’années à l’époque. « Les modèles ont tout de suite plu et j’ai ouvert la première boutique un an après, en 2002, au troisième étage du centre commercial de Tanglin Mall », poursuit-elle.

Aujourd’hui, Château de sable compte 25 boutiques réparties dans 12 pays dont la France, le Canada, le Royaume-Uni, le Cambodge, les Philippines et la Thaïlande. Seuls, le magasin historique de Tanglin Mall à Singapour et les trois autres points de vente en France sont détenus en propre, le reste étant en franchise.

 

« Une passionnée de la fringue »

Stéphanie Lemaire a baigné toute son enfance dans le monde du textile. « Mes deux grands-pères avaient une usine de filature dans le Nord et mes parents ont toujours pris soin de bien nous habiller », précise-t-elle. A dix ans, la Lilloise prend déjà des cours de couture. A 20 ans, elle étudie le métier dans une école de stylisme. « Je suis une vraie passionnée de la fringue », lance la créatrice en précisant « dès que j’avais un peu d’argent d’avance j’allais le dépenser dans les vêtements, c’est mon pêché-mignon ».

Mère à son tour, elle souhaite aussi transmettre à ses trois enfants l’éducation vestimentaire qu’elle a reçue et qui fait, selon elle, partie du bagage à donner à ses bambins. Ses deux filles et son fils ont d’ailleurs toujours été associés à son activité. « Depuis qu’ils sont tout petits, j’essaie mes échantillons sur mes enfants, explique la directrice de Château de sable, maintenant, à 14, 13 et 10 ans, ils me disent ce qu’ils en pensent et sont contents de m’aider. »

 

« Une vie intense »

Malgré une vie familiale et professionnelle bien remplie, Stéphanie Lemaire, à 42 ans, trouve encore le temps de faire du sport : footing, tennis et yoga rythment ses longues journées qui commencent à six heures du matin. Et pour s’évader de son quotidien, elle choisit la lecture et les romans qui l’emmènent loin de son atelier.

« J’aime les vies intenses », précise-t-elle. L’expatriation pimente certainement la sienne. Stéphanie Lemaire a d’abord suivi son mari au Maroc avant d’arriver en 2000 à Singapour. En 2011, c’est à nouveau à Casablanca que la famille Lemaire s’installe avant de revenir vivre dans la Cité-Etat il y a tout juste quelques mois. Des allers retours qui ne l’ont pas empêchée de poursuivre son activité à distance. Au contraire, c’est à ce moment-là que Stéphanie Lemaire en profite pour s’implanter et se faire connaître en France. Et lorsque la jeune femme passe aujourd’hui devant l’une de ses boutiques, tout ressemble pour elle à « un joli rêve ».