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Eclipse solaire partielle vue le 15 janvier 2010 à Singapour.

Eclipse solaire partielle vue le 15 janvier 2010 à Singapour. ©Science Centre Singapore

Demain matin à 8h23, c’est l’heure à laquelle la lune cachera presque intégralement le soleil à Singapour.

Si les conditions météorologiques le permettent, le spectacle tant attendu de l’éclipse partielle du soleil devrait donner l’impression que le soleil se couche à nouveau, une dizaine de minutes seulement après s’être levé.

L’éclipse solaire commencera à 7h22 et se terminera à 9h32. Deux heures pendant lesquelles la lune passera et s’alignera entre le soleil et la Terre. A 8h23 exactement, la lune couvrira à 87% la surface du soleil.

Le Science Centre Singapore, qui sera ouvert dès 7h30 pour l’occasion, a prévu de distribuer des lunettes de protection et d’installer 5 Vénuscopes (un dispositif breveté de rétro-projection qui permet de regarder le soleil sans danger pour les yeux) et 4 télescopes sur la terrace Fibonacci afin que le public puisse observer le phénomène astronomique. Une retransmission en direct depuis la Micronésie où l’éclipse solaire sera totale est également annoncée. Le centre scientifique espère accueillir entre 1.000 et 2.000 visiteurs dans la matinée.

Le terrain de football du Kent Ridge Campus, de la National University of Singapore (NUS) sera également transformé en aire d’observation. Une autre projection en direct de Sulawesi et organisée par deux étudiants de la NUS, sera aussi diffusée.

Car en effet, « c’est sur une étroite bande de 160 km de large allant de Sumatra au Pacifique que l’éclipse solaire sera totale », précise Li Hui Mok, éducatrice en sciences au Science Centre.

Le Lycée Français mobilisé

Selon le quotidien The Straits Times, quelques établissements scolaires tels que la Paya Lebar Methodist Girls’school ou la Nanyang Girls’High School ont décidé de faire participer les élèves à cet événement rare.

Le Lycée Français de Singapour est également mobilisé. « On a prévu d’équiper tous les enfants du primaire et du secondaire avec des lunettes de protection », explique la proviseure adjointe du LFS, Nadine Vial-Pradel qui précise que « les petites et moyennes sections resteront à l’abri. »

Attention aux yeux !

Lors d’une éclipse, il est évidemment tentant de regarder le soleil mais sans protection, cela peut endommager la rétine.

Alors pour ceux qui ne sont pas équipés de lunettes spéciales « éclipse », il est toutefois possible d’observer l’astre en toute sécurité grâce à quelques astuces que recommande Li Hui Mok, l’experte du Science Centre.

« On peut faire un trou de la taille d’une tête d’épingle dans une feuille de papier et projeter la lumière qui passe à travers ce trou sur un mur ou sur une autre feuille de couleur claire », explique Li Hui Mok. Ou encore plus simple, « former avec le pouce et l’index un petit rond et diriger cette lumière sur un mur ou une feuille », ajoute la spécialiste afin d’observer de façon indirecte l’évolution du phénomène astronomique.

Au total, Singapour a pu et pourra observer 146 éclipses entre 1700 et 2100. La prochaine –qui sera cette fois une éclipse solaire annulaire- aura lieu le 26 décembre 2019.

Pour suivre l’éclipse en direct sur Internet :

http://www.exploratorium.edu/eclipse

http://blog.nus.edu.sg/solareclipse2016/registration/

Methode de Singapour

Jean-Michel Jamet est professeur des écoles au CP et CE1 en Bretagne. Depuis 5 ans, il enseigne les mathématiques en utilisant la méthode de Singapour. 

En quoi consiste la méthode de Singapour ?

La méthode de Singapour aborde chaque notion mathématique en suivant trois étapes. D’abord l’étape concrète grâce à laquelle l’élève va rapidement se faire une idée de la notion abordée à l’aide d’objets concrets, manipulés et de mises en situation. Vient ensuite l’étape de la représentation imagée qui est une étape intermédiaire propre à cette méthode et qui permet à l’élève de représenter visuellement la notion travaillée à l’écrit, au tableau par exemple. La dernière étape est dite abstraite et introduit enfin les chiffres et les symboles mathématiques. La grande force de cette méthode est sa progressivité. L’élève avance pas à pas et travaille longtemps la même notion, ce qui donne aux enfants en difficultés plus de chance d’assimiler la leçon.

La méthode de Singapour s’appelle aussi la méthode par modélisation car elle consiste à résoudre les problèmes à l’aide de barres dessinées pour symboliser les quantités connues et inconnues de l’énoncé. C’est une méthode efficace pour résoudre la quasi-totalité des problèmes du primaire et du collège. Elle permet à l’élève de prendre le temps de comprendre le problème avant de s’empresser à le calculer.

Pourquoi est-elle née à Singapour ?

Dans les années 1975, des évaluations internationales ont révélé que 25% des élèves singapouriens n’avaient pas acquis les compétences de base en mathématiques. A titre indicatif, 30% des élèves en France n’ont pas acquis ces mêmes compétences en 2013. Le gouvernement singapourien s’est donc fixé comme objectif de relever le niveau. Au sein du ministère de l’Education nationale, un groupe de didacticiens (pédagogues spécialisés dans une discipline, en l’occurrence les mathématiques, ndlr) en partenariat avec des établissements scolaires et des conseillers pédagogiques, a donc mis au point cette méthode dans les années 1990. L’idée était pour eux de créer des outils très performants capables d’améliorer rapidement le niveau des élèves en mathématiques. Entre 1990 et 2003, Singapour arrive en tête trois fois de suite des évaluations internationales dans des domaines aussi difficiles que les fractions, le calcul et la résolution de problèmes. On a donc pu vérifier l’efficacité de cette méthode. Dès 2003, un comité international s’est intéressé à cette démarche qui s’est ensuite exportée essentiellement en Asie, aujourd’hui en tête des classements, et aux Etats-Unis.

Au vu de ses bons résultats, pour quelles raisons la méthode de Singapour n’est-elle pas davantage enseignée en France ?

Environ 1000 classes en France utilisent la méthode de Singapour pour l’apprentissage des mathématiques. Nous sommes en France dans un système éducatif très francophone, qui se méfie de ce qui vient de l’étranger et surtout de ce qui vient des Anglo-saxons.

La méthode de Singapour, bien que traduite en français, n’est pas en adéquation avec nos programmes scolaires. Par exemple, les Singapouriens apprennent dans le même temps l’addition et la soustraction car ces opérations sont complémentaires. Mais pour les Français, celles-ci sont enseignées séparément. En Asie, les élèves ont aussi plus d’heures de mathématiques par semaine.

D’autre part, certains inspecteurs d’académie peuvent ne pas apprécier le fait que les enseignants, en choisissant d’appliquer la méthode de Singapour -comme ils sont libres de le faire depuis 2005- n’exécutent pas l’intégralité du programme de mathématiques prévu. Car, en effet, la méthode de Singapour est pauvre et basique en matière de géométrie et nécessite une remédiation pédagogique pour les professeurs en France. La France cultive l’excellence en matière de tracé. Dans la méthode de Singapour, il n’est pas exigé qu’un élève de 7 ans sache tracer un rectangle, un carré ou un triangle rectangle alors qu’au même âge, un élève français sait déjà se servir d’une règle et d’une équerre.

Adopter cet outil suppose enfin tout un travail d’équipe entre les enseignants de niveaux différents afin qu’il y ait un suivi dans la méthode. Il est donc préférable que ce soit toute l’école qui décide d’appliquer la méthode de Singapour et non un seul enseignant isolé.