Archive d’étiquettes pour : Culture

C’est ce soir que le violoncelliste français Gautier Capuçon, venu pour la première fois à Singapour, donnera le coup d’envoi du festival Voilah! 2019, lors d’un concert à l’Esplanade, accompagné par le Singapore Symphony Orchestra et dirigé par le chef d’orchestre russe Vladimir Ashkenazy. 

Pour cette édition, le « France Singapore Festival » qui se tiendra jusqu’au 17 Novembre a été réimaginé pour mettre davantage à l’honneur les collaborations entre la France et Singapour dans les domaines aussi variés que la musique, le cinéma, la littérature, les arts visuels, l’éducation, les sciences, le sport, la gastronomie, le tourisme… 

Pour l’Ambassadeur de France à Singapour, Marc Abensour, « Voilah! atteste des liens forgés entre nos deux nations et sa programmation diversifiée est une célébration de la force de notre amitié à travers des décennies d’étroite collaboration dans différents secteurs. C’est pourquoi nous pensons que le festival appartient autant aux Singapouriens qu’aux Français, et nous espérons développer Voilah! comme une avenue pour de nouvelles idées qui ne peuvent être rendues possibles que lorsque nos communautés se réunissent. »

Ainsi chaque évènement -une cinquantaine environ- programmé est organisé par une institution ou une entité singapourienne. Et les partenaires tels que le National Museum of Singapore, l’ArtScience Museum, le NUS Museum, le Singapore Writers Festival, le Science Centre, le National Design Centre ou encore Gardens by the Bay sont nombreux.

Janice Koh, la marraine du festival

La marraine du festival Voilah ! 2019 est l’actrice singapourienne Janice Koh. Celle qui a interprété le rôle de Felicity Leong -la tante de Nicholas Young- dans le film « Crazy Rich Asians » de Jon Chu a également joué en 2018 dans la pièce de théâtre « La réunification des deux Corées » co-produite par TheatreWorks Singapore et le Centre Dramatique National de Tours. 

« Avoir eu le privilège de travailler dans une production qui impliquait à la fois des partenaires singapouriens et français, j’ai personnellement expérimenté comment la collaboration culturelle peut fournir de précieuses plateformes de dialogue et d’échange et, en fin de compte, aider à établir des passerelles entre différentes communautés », explique Janice Koh.

Le French Film Festival 

Cette année, la 35èmeédition du French Film Festival est organisée sous le patronage de Voilah!. Du 4 au 17 novembre, plus de 25 films seront présentés parmi lesquels des comédies comme « Made in China » ou « les Crevettes pailletées », des romances avec « Deux moi » et « Mon Inconnue » ou des drames tels que « les Drapeaux de Papier » et « Hors Normes ».

Le 16 novembre sera également projeté le documentaire « Jean Vanier, le Sacrement de la tendresse », réalisé en 2018 par Frédérique Bedos. Ce long-métrage consacré au fondateur de l’Arche qui est décédé en mai dernier devrait être suivi d’un échange sur le thème du handicap.

Enfin, Voilah! 2019 c’est aussi des expositions, des concerts, des conférences, des dégustations gastronomiques, des balades ou des spectacles en plein air… de quoi satisfaire la curiosité de tous.  

C’est aujourd’hui que s’ouvre à l’Asian Civilisations Museum (ACM) l’exposition consacrée à Sir Stamford Raffles intitulée « Raffles in Southeast Asia : Revisiting the Scholar and Statesman ».

Réalisée en collaboration avec le British Museum, l’exposition qui se tient à Singapour jusqu’au 28 avril révèle des facettes jusque-là peu connues du personnage historique, devenu célèbre pour avoir transformé Singapour en port de commerce anglais moderne dès 1819.

« Nous voulions vraiment avoir une exposition sur un sujet qui nous est très familier, comme Raffles, et révéler de nouvelles perspectives sur lui, afin de susciter une réflexion différente sur Singapour, notre histoire et notre identité », explique Kennie Ting, directeur de l’Asian Civilisations Museum. Et d’ajouter, « nous explorons Raffles d’un point de vue extérieur, en regardant un contexte géographique plus large – l’Indonésie et le monde malais- et donc cela amène à présenter différentes perspectives sur ce personnage. »

De 1805 à 1824, Sir Stamford Raffles a en effet vécu sur les îles de Penang, Java puis Sumatra. Il connaît bien la région, son histoire et parle malais. En 1817, il publie un livre en deux tomes intitulé « Une histoire de Java » pour lequel il est anobli. Raffles est aussi un passionné d’histoire naturelle et un grand collectionneur d’objets. L’exposition qui compte environ 240 œuvres d’art, met en avant de nombreux précieux objets de sa collection personnelle tels que des masques, des marionnettes de théâtre ou encore des instruments de musique. Mais « Raffles in Southeast Asia » révèle aussi ce que le Britannique considérait comme moins noble ou peu à son goût, les pièces de textiles par exemple.

Pour le président du British Museum, Sir Richard Lambert, « chaque objet raconte une histoire. Cette exposition à l’Asian Civilisations Museum montre comment les objets peuvent révéler de nouveaux récits sur des événements, des individus et des régions comme l’Asie du Sud-Est. Pour la première fois, cette exposition regroupe des objets rassemblés par Sir Stamford Raffles et provenant de collections privées et publiques du monde entier. On nous propose un nouvel aperçu de l’histoire très complexe de Java et du monde malais, et les visiteurs sont invités à venir se faire leur propre idée sur ce personnage complexe.»

Le festival nocturne « Light to Night » se tient en plein coeur du Civic District jusqu’au 24 février. ©Colombe Prins

A l’occasion du bicentenaire de l’arrivée de Raffles à Singapour, un autre évènement -nocturne cette fois- se tient aussi dans le Civic District, à quelques pas de l’ACM. Jusqu’au 24 février, le festival « Light to Night » présente différentes réalisations artistiques -en lumières ou en scène, à l’intérieur de la National Gallery ou à l’extérieur autour du Padang- qui retracent quelques faits historiques de Singapour.

Pour l’année du cochon, Chinatown a vu les choses en grand. Le dispositif lumineux installé depuis le début de la semaine est le plus important jamais disposé dans l’histoire du quartier chinois pour les festivités du Nouvel An.

Jusqu’au 6 mars, plus de 2.600 lanternes éclairent les rues de New bridge Road, Eu Tong Sen Street et South Bridge Road. Avec en pièces maîtresses, des lanternes représentant une famille de huit cochons dont le plus grand mesure 12 mètres de haut. 

Pourquoi est-ce l’année du cochon ? Que représente cet animal dans le zodiaque chinois ? Que célèbre-t-on lors du Nouvel An chinois ? Quelles sont les traditions qui entourent cette fête colorée ? 

Pour vous aider à répondre à toutes ces questions que vous posent sans doute vos enfants, SINGAPOUR LE MAG a sélectionné pour vous quelques livres pour expliquer aux plus petits les célébrations du Nouvel An chinois.

« The Great Race » de Christopher Corr. Ed. Frances Lincoln Children’s Books (2018). 32 pages

« The Great Race » de Christopher Corr. Ed.Frances Lincolm Children’s Books (2018). 32 pages. 

« The Great Race » raconte l’une des légendes chinoises les plus populaires, celle de l’Empereur de Jade qui organise une grande course entre tous les animaux à l’issue de laquelle les douze premiers se verront attribuer une année. Cette histoire permettra ainsi d’expliquer aux petits de 3 à 6 ans les raisons pour lesquelles douze animaux ont été choisis pour représenter le zodiaque chinois. Les enfants apprécieront les illustrations et se souviendront de la petite anecdote au sujet des relations entre le chat et la souris.

« Chinese Zodiac Animals » de Sanmu Tang. Ed. Shanghai Press (2011). 56 pages

« Chinese Zodiac Animals » de Sanmu Tang. Ed. Shanghai Press (2011). 56 pages

Le livre du studio Sanmu Tang « Chinese Zodiac Animals » explique avec des mots d’enfants l’essentiel sur chacun des douze signes animaliers du zodiaque chinois. Cet ouvrage réservé aux plus de 6 ans détaille ainsi les traits de caractère de chaque animal correspondant à l’année de naissance. C’est une sorte d’horoscope à lire pour s’amuser !

« Celebrating The Chinese New Year » de SanMu Tang. Ed. Shanghai Press (2010). 32 pages

« Celebrating The Chinese New Year » de SanMu Tang. Ed. Shanghai Press (2010). 32 pages

« Celebrating the Chinese New Year » est un autre écrit réalisé par le studio Sanmu Tang qui livre les interrogations de Little Mei, une petite fille qui se demande pourquoi sa famille célèbre le Nouvel An chinois. Alors que chaque membre de sa famille a sa propre explication, son grand-père, lui, finit par lui raconter l’histoire de Nian et du monstre Xi. Un petit livre qui saura intéresser les 4 à 8 ans.

« Mei Lin and the Reunion Dinner » de Debra Ann Francisco. Ed. Straits Times Press (2018). 36 pages.

« Mei Lin and the reunion dinner » de Debra Ann Francisco. Ed.Straits Times Press (2018). 36 pages.

Écrit par Debra Ann Francisco, « Mei Lin and the reunion dinner » raconte l’histoire d’une petite fille qui aide sa grand-mère à préparer quelques recettes traditionnelles servies lors des festivités du Nouvel An chinois. Mei Lin assiste donc en cuisine à la préparation des « love letters » -qui pourraient ressembler aux biscuits aussi appelés cigarettes russes-, du « steamboat » -qui est une fondue chinoise- ainsi quà l’élaboration de la fameuse salade de poisson cru, le Yu Sheng. Ce livre joliment illustré par une dessinatrice singapourienne, Madeleine Wee, et destiné aux enfants âgés de 4 à 8 ans, appartient à une série de 5 livres pour enfants consacrés aux recettes traditionnelles du patrimoine culinaire singapourien.

Thaipusam est une fête hindoue célébrée aujourd’hui à Singapour et en Malaisie, au cours de laquelle les fidèles rendent grâce au Dieu Murugan. Depuis 20 ans, Shanmugam, un Singapourien de 37 ans participe à ce pèlerinage. REPORTAGE

Du temple Sri Srinivasa Perumal, situé sur Serangoon Road, en plein cœur de Little India, s’échappe dans la nuit claire, une musique envoûtante et rythmée qui annonce les célébrations de Thaipusam. 

Célébré le jour de la pleine lune du mois « Thai » dans la calendrier tamoul (entre janvier et février en fonction des années), Thaipusam est une fête hindoue au cours de laquelle les fidèles rendent grâce au Dieu Murugan, fils de Shiva et de Parvati. Pour l’occasion, les croyants remercient ce Dieu de la Guerre, de toutes les bénédictions qu’ils ont reçues pendant l’année, en prenant part à une procession de 4km en direction du temple de Tank Road, Sri Thendayuthapani. 

Ce rituel religieux qui devrait attirer près de 20.000 personnes aujourd’hui à Singapour, est impressionnant par les souffrances que s’infligent certains pèlerins. 

Il est 3 heures du matin, cette nuit, quand Shanmugam, vêtu d’un linge orange, commence à prier devant son petit autel improvisé et dressé pour l’occasion dans un coin du temple. A ses côtés, d’autres fidèles observent le même rituel.

Ce Singapourien de 37 ans se prépare à s’accrocher à même la peau, le kavadi, une structure en métal d’une trentaine de kilos ornée de décorations en l’honneur du Dieu Murugan qui représente la vertue, le pouvoir et la jeunesse. C’est Shanmugam lui-même qui a acheté il y a quelques années ce kavadi considéré comme un petit sanctuaire divin, pour un montant de 11.000 SGD environ. 

Ce kavadi décoré en l’honneur du Dieu Murugan est en métal et pèse une trentaine de kilos. ©Colombe Prins

Il est entouré de sa famille et d’une quinzaine d’amis venus l’encourager et le supporter durant cette épreuve. A sa demande, sa garde rapprochée porte les mêmes couleurs de vêtements : les femmes ont de jolies robes rose fushia tandis que les hommes sont vêtus d’une chemise rose et d’un dhoti gris, le pantalon traditionnel indien. Un percussionniste et un flutiste s’installent à ses côtés. La musique commence. Le rituel continue. Un homme -un spécialiste- s’approche de Shanmugam et lui transperce la peau pour fixer avec des broches et des piques la structure du kavadi. Au total, 108 trous sur le torse, le dos, les hanches, le bas-ventre, la bouche, le front, les bras et les cuisses. Ces blessures cicatriseront d’ici 2 jours pour les plus petites et 15 jours pour les plus grosses. 

Depuis une semaine, Shanmugam se prépare physiquement et mentalement à cette épreuve religieuse. Il suit un régime végétarien, fortement conseillé afin d’éviter tout saignement. Il se rend au temple deux fois par jour, tous les jours pour prier et dort par terre, sur un drap pour renoncer le temps de cette préparation à tout luxe et confort moderne.

Au total, 108 trous sont nécessaires pour fixer la structure du kavadi à même la peau de Shanmugam. ©Colombe Prins

C’est à 16 ans, l’âge minimum autorisé pour être percé, que Shanmugam a commencé à célébrer Thaipusam. Mais « chaque année est une nouvelle expérience », confie-t-il. « La douleur est supportable mais j’essaie de ne pas y penser, je la prends comme elle vient, je prie Dieu et me concentre sur la procession, en ayant hâte de retrouver ma famille et mes amis », explique-t-il.

Il est 4 heures 30, lorsque Shanmugam quitte le temple de Serangoon Road, suivi de ses proches qui sont très attentionnés à son égard. Dans la rue, la musique s’arrête car il est encore trop tôt. Cette année, pour la première fois depuis 1973, les instruments à percussion sont autorisés, mais seulement entre 7 heures et 22 heures 30.

Shanmugam marche relativement vite malgré la lourde charge qu’il porte, et danse parfois sur lui-même. Il suit un cortège de fidèles. Certains ont des jarres remplies de lait -en offrande au Dieu Murugan-, d’autres s’accrochent avec des hameçons des citrons sur le dos en signe de purification ou d’autres encore traînent des chars attachés à leur dos avec des crochets en métal. Jusqu’à ce soir, les croyants défileront le long du parcours.

Dans la dernière ligne droite, la procession ralentit. Des chanteurs rejoignent le groupe et entonnent des chansons. Shanmugam danse et tournoie alors jusqu’à son arrivée – à 6 heures du matin- au temple Sri Thendayuthapani. Il chausse pour pénétrer à l’intérieur du temple de Tank Road des semelles à clous qu’il retire aussitôt.

Après une dernière danse devant l’autel, il se dirige à l’extérieur pour se défaire, avec l’aide de ses amis, de son lourd fardeau de métal. C’est la dernière épreuve physique pour Shanmugam. Sa fille de 9 ans, est à ses côtés et lui caresse la main. Shanmugam lui sourit avec les yeux car sa bouche est encore fermée avec des piques placées en forme de croix.

Une fois libéré de son kavadi, il s’assoie quelques instants pour retrouver ses esprits. Il est fatigué. Shanmugam enfile sa chemise rose et son dhoti gris. Avec tous ses proches, ils apportent à l’intérieur du temple, le plateau d’offrandes ainsi que les jarres remplies de lait et d’eau de rose. Tous ensemble, ils prient et attendent de recevoir des cendres grises dans un pot en métal.

Après la longue procession de 4km, Shanmugam est libéré de son kavadi et prie devant l’autel de Murugan. ©Colombe Prins

Puis, tandis que certains démontent soigneusement le kavadi, d’autres préparent des sacs avec des repas déjà cuisinés qu’ils vont distribuer en cadeau aux autres fidèles. Quant à Shanmugam, il pense déjà à retourner au temple Sri Srinivasa Perumal pour soutenir ses autres amis qui commenceront leur procession un peu plus tard dans la journée. Et peut-être ira-t-il aussi travailler comme si de rien n’était, dans sa propre entreprise de logistique, comme il avait l’intention de le faire avant le pèlerinage ?

La foire d’art contemporain à prix abordables, Affordable Art Fair, ouvre ses portes le temps d’un week-end au F1 Pit Building. ©Affordable Art Fair

L’Affordable Art Fair ouvre ce week-end les portes du F1 Pit Building pour son édition automnale et met à l’honneur plus de 600 artistes du monde entier, dont 240 qui exposent pour la première fois.

Cette foire d’art contemporain présente dès aujourd’hui des œuvres –peintures, sculptures, dessins, calligraphies, collages, photographies…- à prix abordables compris entre 100 et 15.000 SGD, avec cette spécificité d’avoir environ 75% des pièces exposées à moins de 7.500 SGD.

Cette année, l’Affordable Art Fair a vu une augmentation des candidatures de galeries d’art locales souhaitant participer à l’événement. Parmi les 80 galeries présentes, 22 sont donc singapouriennes. Elles étaient au nombre de 18 l’année dernière.

« Chaque année, le nombre de candidatures varie et nous ne savons jamais qui va postuler », explique Alan Koh, directeur d’Affordable Art Fair à Singapour. « Chaque demande passe par un comité pour s’assurer que nous offrons une atmosphère diverse d’œuvres d’art de qualité. Cette année, nous avons eu plus de candidatures locales qui répondent aux critères. C’est une excellente représentation d’une scène artistique locale en croissance et en évolution », poursuit-il.

Les galeries d’art établies à Singapour comme Pibilotti Art Studio, Miaja Art Collections et The Studio Gallery, font ainsi leur première apparition à l’Affordable Art Fair, aux côtés de galeries telles que Eyemage Gallery ou Art Porters Gallery, qui exposent déjà régulièrement lors de cette foire.

C’est en 2010 que Singapour devient la première ville d’Asie à accueillir ce grand événement d’art à prix abordables, lancé quelques années plus tôt -en 1999- à Londres. Depuis, pour l’Affordable Art Fair, acteur indéniable de la promotion de l’art pour tous, il est important d’encourager la communauté artistique locale.

« La scène artistique singapourienne dans son ensemble est encore jeune, mais on ne peut nier qu’il y a eu une croissance substantielle au cours des 10 dernières années. Nous constatons une diversité dans tous les domaines et dans toutes les branches de la communauté artistique, des peintres aux poètes. Il existe sans aucun doute une forte communauté d’artistes locaux qui se soutiennent mutuellement dans leurs projets créatifs », précise Alan Koh avant de conclure « l’Affordable Art Fair prend très au sérieux son rôle au sein de cette communauté en continuant d’aider à montrer l’art aux gens et en offrant des possibilités d’éducation artistique. »

 

Aquarelle de Louis Delaporte de l'entrée Ouest du célèbre temple d'Angkor Wat. ©Musée Guimet

Aquarelle de Louis Delaporte de l’entrée Ouest du célèbre temple d’Angkor Wat. ©Musée Guimet

Les portes de l’Asian Civilisations Museum (ACM) s’ouvrent pour la première fois dimanche sur la cité sacrée d’Angkor. L’exposition intitulée « Angkor : Exploring Cambodia’s Sacred City. Masterpieces of the Musée national des arts asiatiques –Guimet » est présentée jusqu’au 22 juillet dans le cadre du festival français Voilah ! à Singapour.

C’est aussi la première fois que plus de 140 sculptures, aquarelles, dessins, photographies et autres souvenirs historiques issus de la collection du Musée Guimet sont exposés en Asie du Sud-Est.

« Nous n’avions encore jamais montré l’art Khmer en Asie du Sud-Est, c’est une manière de voir nos œuvres sous un autre jour », explique Pierre Baptiste, conservateur en chef au Musée Guimet. « Exposer à Singapour prend tout son sens, précise-t-il, car c’est un carrefour des cultures d’Asie du Sud-Est, une vitrine extraordinaire et un pays très cosmopolite où beaucoup de gens s’arrêtent, c’est donc une occasion formidable de rappeler pourquoi le Musée Guimet a une si belle collection Khmère qui est un témoignage de la préservation du patrimoine que les Français ont fait au Cambodge. »

Pour Kennie Ting, le directeur de l’Asian Civilisations Museum qui célèbre en 2018 l’année de l’Asie du Sud-Est, « la civilisation khmère est l’une des plus grandes d’Asie du Sud-Est et du monde, et Angkor est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous voulions apporter ce patrimoine mondial au public singapourien, afin qu’ils puissent découvrir d’abord la beauté et l’intemporalité de l’art khmer, ainsi que la façon dont Angkor et les Khmers ont capturé l’imagination du monde. »

Aquarelle de Louis Delaporte qui illustre le palais des rois Khmer, Phimeanakas, au centre d'Angkor Thom. ©Musée Guimet

Aquarelle de Louis Delaporte qui illustre le palais des rois Khmer, Phimeanakas, au centre d’Angkor Thom.
©Musée Guimet

Angkor fascine. L’ancienne capitale Khmère avec ses temples monumentaux qui jaillissent de la jungle a émerveillé ses premiers explorateurs français dès la fin du 19ème siècle et toute une partie de l’exposition met en avant les témoignages qu’ils ont laissés.

« Cette exposition est assez extraordinaire car on présente l’histoire de la découverte des monuments, avec tous les éléments de contexte pour comprendre la découverte d’Angkor », détaille Sophie Makariou, présidente du Musée Guimet.

 

Plâtre du temple d'Angkor Wat représentant Ravana secouant le mont Kailasa. ©Musée Guimet

Plâtre du temple d’Angkor Wat représentant Ravana secouant le mont Kailasa. ©Musée Guimet

Angkor subjugue. L’exposition livre certains de ses plus anciens trésors archéologiques, soit une cinquantaine de chefs d’œuvre Khmers. Certaines sculptures présentées datent du 6ème siècle et «  la principale difficulté était de s’assurer de la qualité d’un transport parfait pour les sculptures en pierre qui sont très fragiles », conclut Pierre Baptiste.

 

L’exposition « Angkor : Exploring Cambodia’s Sacred City. Masterpieces of the Musée national des arts asiatiques –Guimet » est présentée jusqu’au 22 juillet dans le cadre du festival français Voilah ! à Singapour. ©ACM / Musée Guimet

L’exposition « Angkor : Exploring Cambodia’s Sacred City. Masterpieces of the Musée national des arts asiatiques –Guimet » est présentée jusqu’au 22 juillet dans le cadre du festival français Voilah ! à Singapour. ©ACM / Musée Guimet

Irene Ong est la femme qui se cache derrière les pâtisseries Peranakan du restaurant True Blue. ©St Francis Enterprise

Irene Ong est la femme qui se cache derrière les pâtisseries Peranakan du restaurant True Blue. ©St Francis Enterprise

C’est dans sa cuisine, chez elle, à l’abri des regards indiscrets qu’Irene Ong prépare ses tartelettes à l’ananas. Elle préfère cuisiner seule et loin de l’effervescence du restaurant pour lequel elle travaille, True Blue, situé sur Armenian Street. Une façon pour elle de conserver sa précieuse recette qu’elle tient de ses grandes-grandes tantes et qu’elle a depuis améliorée au point d’en avoir deux pour contenter tout le monde.

La première recette typiquement Peranakan (la culture Peranakan provient du mariage de la culture chinoise et de la culture malaise) est croustillante avec des croisillons qui ornent le dessus de la mignardise. C’est celle-ci qui figure sur la carte des desserts du restaurant. La seconde plus moelleuse, et donc plus riche en beurre est préparée uniquement en vue des célébrations du Nouvel An chinois. Alors chaque année, durant le mois qui précède les festivités, Irene Ong s’affère en cuisine dès 5 heures du matin –et jusqu’à 22 heures- pour confectionner sans relâche chacune de ses 6.000 tartelettes à l’ananas, faites à la main et vendues –la plupart sur commande- à True Blue Space, le café attenant au restaurant Peranakan du même nom.

Pour le blogueur et critique gastronomique singapourien Seth Lui, les « Pineapple tarts » de True Blue figurent en tête de son classement des meilleures tartelettes à l’ananas de Singapour. « Les tartelettes à l’ananas (…) sont minces, larges et moelleuses. En plus de cela, la confiture d’ananas est dense et dégage une saveur douce et forte. La croûte qui s’effrite doucement avec la confiture d’ananas donne un goût légèrement contrasté qui fait ressortir l’essence de la délicatesse », peut-on lire sur le site Internet www.sethlui.com.

Et c’est en effet avec beaucoup de délicatesse que Nyonya Irene – c’est ainsi que l’on appelle les femmes Peranakan– s’adonne à ce qui est devenue sa passion. « J’ai grandi avec ma grand-mère et ses deux sœurs, elles faisaient souvent de la pâtisserie donc j’ai appris grâce à elles », explique Irene Ong. Et de poursuivre, « quand j’avais une vingtaine d’années, j’ai commencé à préparer mes tartelettes à l’ananas et à faire mes propres ajustements. Au moment du Nouvel An chinois, je les vendais à mes collègues de bureau qui étaient ravis d’avoir des gâteaux pas chers. »

Depuis, Irene Ong continue de décorer soigneusement chaque tartelette une à une et de préparer elle-même sa confiture à l’odeur si parfumée. Elle coupe, presse et écrase près d’une centaine d’ananas avant d’y ajouter notamment de la cannelle et des clous de girofle. Vêtue d’un kebaya, la tenue brodée traditionnelle Peranakan, la Singapourienne de 63 ans a le sens du travail et du détail.

Les tartelettes à l'ananas, un savoir-faire gardé secret par Irene Ong. ©St Francis Enterprise

Les tartelettes à l’ananas, un savoir-faire gardé secret par Irene Ong. ©St Francis Enterprise

Ce n’est pas tant sa recette mais son savoir-faire et son procédé minutieux qui sont un secret. « Les gens veulent m’aider mais je sais qu’ils veulent juste ma recette. Moi, je veux la garder au sein de ma famille, confie-t-elle. Je n’ai pas de fille, je n’ai qu’un fils alors on me demande ce que je vais en faire de ma recette mais je réponds que je dois y réfléchir. Quand je serai plus âgée, peut-être que je la donnerai à ma belle-fille ou à mes nièces… », s’amuse-t-elle. Outre les tartelettes à l’ananas, Irene Ong confectionne également d’autres pâtisseries traditionnelles Peranakan telles que les Kueh Bangkek (cookies de tapioca à la noix de coco) ou le Sugee Cake (gâteau à base de semoule)…

Une fois passées les fêtes du Nouvel An chinois, la cousine du Chef du restaurant True Blue, Benjamin Seck, se consacrera à son autre passion : la scène. Nyonya Irene est aussi actrice sur les planches et devant la caméra.

 

 

"Double Happiness" de Justin Lee

« Double Happiness » de Justin Lee

A l’occasion du festival « Singapore Art Week », le Pop Art est mis à l’honneur au Visual Arts Centre de Dhoby Ghaut.

Pour la première fois à Singapour, l’exposition « Instant Fame, the best of Pop Art in Singapore », présente dans un même espace les œuvres de plusieurs artistes locaux. Une trentaine de tableaux et quelques objets signés Andre Tan, Justin Lee, Leo Liu Xuanqi, Billy Ma, Stefanie Hauger, TR853-1 (TraseOne) et Iskander Walen sont ainsi exposés au Visual Arts Centre de Dhoby Ghaut jusqu’au 22 janvier.

Le Pop Art est un courant encore discret à Singapour. Selon Keng Hock Pwee, l’un des organisateurs de l’exposition, environ une dizaine d’artistes en auraient fait leur spécialité. « A Singapour, les artistes de Pop Art sont à la fois influencés par la culture populaire de l’Ouest et de l’Est et utilisent dans leur œuvres les images qu’ils voient autour d’eux », explique le propriétaire de la galerie Utterly Art.

C’est ainsi par exemple que le Singapourien Andre Tan s’inspire de personnages de dessins animés japonais comme Hello Kitty, Doraemon ou Astroboy et détourne en même temps le célèbre logo de la marque Visa.

"Her World" d'Andre Tan

« Her World » d’Andre Tan

« L’humour, raconte Keng Hock Pwee, est aussi beaucoup utilisé à Singapour par les artistes pour faire passer leur message ». Comme le fait Leo Liu Xuanqi avec son petit canard jaune ou encore le taggeur TraseOne avec ses selfies.

"Life is beautiful" de Leo Liu  Xuanqi

« Life is beautiful » de Leo Liu Xuanqi

Pour Iskander Walen, l’autre organisateur de l’événement et exposant lui-même, « ces artistes peuvent concurrencer les meilleurs artistes dans le monde ». « Singapour est un pays jeune, plus jeune que le Pop Art et ce mouvement tend à se développer ici à un très haut niveau, avec des technologies de pointe », poursuit-il. Et d’ajouter, « Singapour comme le Pop Art sont fascinés par les mêmes choses : les marques, les célébrités, la société de consommation… »

"Instant Fame" d'Iskander Walen

« Instant Fame » d’Iskander Walen

Le public semble de plus en plus enthousiaste et réceptif. « Au cours de la dernière décennie, l’intérêt pour toutes les formes d’arts a significativement augmenté à Singapour -grâce à l’afflux de foires et d’événements autour de l’art », explique l’un des artistes de l’exposition, Andre Tan. « Je suppose que le Pop Art est pour le public attractif et facile à comprendre, à assimiler et à accepter », conclut-il.

Tiger and Thylacine

Un Tigre et un Thylacine. ©Marina Bay Sands

C’est un voyage dans le temps à la découverte des plus beaux trésors de la nature qu’offre la nouvelle exposition « Treasures of the Natural World » qui vient d’ouvrir ses portes à l’ArtScience Museum.

Environ 200 pièces de collection d’une richesse scientifique inestimable appartenant au Natural History Museum de Londres sont exposées jusqu’au 29 avril prochain dans le célèbre musée à la fleur de lotus. Certaines sont même présentées pour la première fois en Asie, comme une collection de coléoptères que le naturaliste britannique Alfred Russel Wallace a recueillis lors d’une expédition à Singapore, en Malaisie et en Indonésie au 19ème siècle.

©Marina Bay Sands

Squelette d’un tigre à dents de sabre. ©Marina Bay Sands

Parmi ces divers trésors, on trouve un extrait manuscrit du livre « De l’origine des espèces » écrit par Charles Darwin ainsi que la tortue de compagnie du naturaliste mais aussi une tête de girafe empaillée, les plus longues cornes du monde d’un buffle d’eau, le squelette d’un tigre à dents de sabre, un chat momifié ou encore un fragment de météorite et une améthyste que l’on dit maudite… Bref, des objets uniques qui racontent l’histoire de notre planète, de notre humanité.

Le célèbre Dodo de l'île Maurice. ©Marina Bay Sands

Le célèbre Dodo de l’île Maurice. ©Marina Bay Sands

« L’exposition emmène les visiteurs dans un voyage de découverte, à travers les siècles, depuis le siècle des Lumières au 18ème siècle jusqu’à nos jours, montrant comment les premiers explorateurs, les collectionneurs et les scientifiques ont révolutionné notre compréhension de la nature », précisent les organisateurs.

Mais ces joyaux de la nature ancienne nous interpellent au présent. « Treasures of the Natural World » veut enfin donner à ses visiteurs l’envie d’apprécier les trésors de la nature qui nous entoure aujourd’hui. Pour que l’Odyssée continue…

Exposition "Witness to War: Remembering 1942". ©National Museum of Singapore

Exposition « Witness to War: Remembering 1942 ». ©National Museum of Singapore

Jusqu’au 25 mars 2018, le National Museum of Singapore commémore le 75ème anniversaire de la capitulation de Singapour face aux Japonais avec l’exposition « Witness to War : Remembering 1942 ».

1942, Singapour connaît l’une des années les plus sombres de son histoire, en tombant aux mains des Japonais, après une semaine de combats sanglants. La colonie britannique ayant tout juste capitulé est alors placée sous occupation japonaise pendant trois ans et prend le nom de Syonan-To, qui signifie « Lumière du Sud » en japonais.

75 ans après, les souvenirs douloureux sont encore ancrés dans la mémoire des familles singapouriennes. Mais avant qu’ils ne tombent dans l’oubli, le National Museum of Singapore a voulu les capter, les figer et les faire entendre. Cette nouvelle exposition « Witness to War : Remembering 1942 » rend ainsi hommage aux survivants et aux vétérans qui racontent avec beaucoup de pudeur leurs terribles histoires.

Des témoins de la Seconde Guerre mondiale raconte leurs souvenirs de l'année 1942. ©National Museum of Singapore

Des témoins de la Seconde Guerre mondiale racontent leurs souvenirs de l’année 1942. ©National Museum of Singapore

Parmi les dizaines de témoignages, on retient notamment celui de Mr. Mani qui se souvient d’avoir cherché à se mettre à l’abri des bombardements avec sa famille, lorsque lui et sa sœur ont été blessés. Sur la route qui les conduisait à l’hôpital, les deux enfants –à l’époque- ont été séparés et Mr. Mani n’a jamais plus revu sa sœur.

Des témoignages tous émouvants et puissants que l’on peut lire, écouter ou voir dans l’enceinte de cette exposition. Le Musée a également placé des cartes postales à la disposition des visiteurs qui souhaiteraient écrire à ces rescapés de guerre, à ces témoins vivants. C’est un dialogue entre le passé et le présent qui se crée, comme pour mieux se souvenir et commémorer.

 

L'épée du Lieutenant-Général Tomoyuki Yamashita est pour la première fois présentée à Singapour. ©National Museum of Singapore

L’épée du Lieutenant-Général Tomoyuki Yamashita est pour la première fois présentée à Singapour. ©National Museum of Singapore

Le Musée met en avant des objets à fortes valeurs historiques qui témoignent aussi du passé. Et parmi les 130 éléments disposés figurent un canon anglais intégré dans une installation de sons et lumières, un drapeau de l’Union Jack avec des inscriptions japonaises, des uniformes de soldats mais surtout l’épée qui appartenait au Lieutenant-Général Tomoyuki Yamashita à la tête de l’Armée japonaise lors de la bataille de Singapour en 1942 et qui est présentée pour la première fois à Singapour.