Les rayons épurés du magasin We The People situé à Katong I12.

Les rayons épurés du magasin We The People situé à Katong I12. ©We The People

Dans ce magasin aux lignes modernes et épurées situé au 1er étage du centre commercial de Katong I12, chaque produit mis en vente et disposé comme un trophée sur son présentoir a été financé grâce à la plateforme en ligne de financement participatif, Kickstarter.

Depuis 2009, ce site Internet américain donne la possibilité aux créateurs du monde entier de lever des fonds auprès d’Internautes afin de financer leurs projets divers et variés. En tous, plus de 3,5 milliards de dollars ont été collectés grâce à une communauté de 14 millions de personnes, permettant ainsi à environ 140.000 projets de voir le jour.

Lancée 2016, la société We The People qui compte aujourd’hui 5 magasins à Singapour* vend donc des produits astucieux, imaginés par des créateurs anonymes, financés par des contributeurs via Kickstarter et tout droits sortis des lignes de production. Ce concept-store encore unique au monde offre un espace physique où les consommateurs peuvent désormais voir en vrai, ces nouveaux objets. « Il y a un besoin de toucher et sentir ces produits, explique Ryan Sim, l’un des quatre fondateurs de la marque. Ces produits sont tellement nouveaux que personne ne les a jamais vus, ils n’ont pas assez de légitimité et de crédibilité pour que cela fonctionne en ligne. Les gens achètent des produits dans lesquels ils ont confiance et un espace de vente physique renforce cette confiance et offre une garantie », explique-t-il.

We The People redonne ainsi tout son sens à l’espace de vente aujourd’hui de plus en plus concurrencé par le e-commerce. Alors dans les rayons de ces magasins, une étiquette précise sous chaque produit exposé, le pays d’origine de son inventeur, le montant collecté durant la campagne de levée de fonds et le nombre de personnes ayant contribué à ce financement. Une vidéo –celle-là même qui a permis d’illustrer la campagne de « crowdfunding »*- présente le produit et explique son intérêt. We The People privilégie les accessoires, les produits liés au voyage ou à la maison. Ainsi trouve-t-on un adaptateur universel en forme de donut, une serviette de sport compacte et anti-odorante ou encore un bloc-note adhésif mais sans colle… On y voit aussi des produits inventés par des créateurs singapouriens tels qu’un jeu de société sur le thème de l’économie « Wongamania », un portefeuille minimaliste ou encore un poste de travail pliable et portatif…

 

Une communauté de fans

Mais derrière ces produits, c’est toute une communauté de contributeurs ou de fans qui supportent et financent les projets. « La communauté Kickstarter est si forte que les contributeurs vous suivent et vous soutiennent, explique Ryan Sim. Vous ne vendez pas votre produit à des consommateurs, vous les vendez à ces personnes qui deviennent le fondement de votre marque ». A peine âgé de 29 ans, Ryan Sim a déjà mené trois campagnes de financement participatif réussies pour le lancement de portefeuilles. Pour cet habitué, « avec Kickstarter, vous bénéficiez tout de suite d’une vitrine internationale. »

« Singapour est le premier pays en Asie en terme de créateurs et contributeurs Kickstarter », précise-t-il. Pas étonnant donc que We The People soit née à Singapour. D’ailleurs parmi les fondateurs, trois sont singapouriens, le quatrième est coréen. Ensemble, ils ont choisi ce nom, « We The People », pour leur marque. « Nous croyons fermement que les produits étonnants ne doivent pas nécessairement provenir de grandes entreprises. Tout le monde peut créer un produit génial –même vous ! », peut-on lire sur leur site Internet. Derrière cette devise, c’est l’idée du pouvoir de la foule, du nombre, de la communauté.

Pour 2018, We The People voit grand. Déjà présente en Corée du Sud, la marque devrait également ouvrir de nouveaux magasins dans une dizaine de pays : Malaisie, Indonésie, Taiwan, Hong-Kong, Japon, Australie, Dubaï, Suède, Tchécoslovaquie, Angleterre et même aux Etats-Unis.

Pour ses fondateurs, l’idée de We The People est aussi d’aider les gens à mettre en place leur projet. « Nous enseignons aux étudiants de deux écoles à Singapour -Nanyang Polytechnic and Singapore University of Technology and Design- les basics de Kickstarter et du financement participatif, précise Ryan Sim. Nous leur expliquons comment utiliser Kickstarter, comment créer une campagne de levée de fonds et comment lancer un produit. » De quoi ouvrir de nombreuses perspectives…

 

*We The People se trouve à Katong I12, Millenia Walk, Orchard Central, Paragon, West Gate Mall.

*Crowdfunding : financement participatif.

"The Long Ride from Singapore", Philip Iau. Ed.Marshall Cavendish

« The Long Ride from Singapore », Philip Iau. Ed.Marshall Cavendish.

A l’occasion d’Octobre rose, mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, le livre « The long ride from Singapore », raconte le voyage de deux chirurgiens partis à moto à travers l’Asie afin notamment de sensibiliser le public au cancer du sein des femmes asiatiques.

C’est le récit d’un long voyage de Singapour à Stockholm réalisé à moto par deux chirurgiens spécialistes du cancer du sein. L’un est singapourien, Philip Iau, également l’auteur de ce livre, « The long ride from Singapore », tout juste publié aux éditions Marshall Cavendish, l’autre est suédois, Mickael Hartman. Tout deux travaillent au National University Hospital de Singapour.

L’idée de ce voyage est partie d’un constat fait par le Suédois qui « a vu en un an plus de cancers du sein à un stade avancé à Singapour qu’il n’en a vus en dix ans à Stockholm », explique le Professeur Iau.

Et même si les hôpitaux sont d’excellente qualité, les équipements très bons et qu’il existe un programme de dépistage, les femmes viennent tardivement consulter. « Elles viennent avec un cancer déjà avancé », ajoute le spécialiste singapourien.

C’est « culturel » et « très asiatique » conclut-il.

Un long périple réalisé en 2014

Les deux chirurgiens décident alors de sillonner l’Asie à moto en 2014 afin de mieux comprendre ce que cela veut dire que « d’être une femme asiatique en Asie avec un cancer du sein ».

Le Suédois Mickael Hartman.

Le Suédois Mickael Hartman.

Ils parcourent donc pendant 100 jours, environ 23.000km en passant par 17 pays et en s’arrêtant notamment en Malaisie, en Thaïlande, en Chine, au Kazakhstan et en Ouzbékistan.

Au cours de ce périple, ils rencontrent des médecins mais aussi des patientes souffrant ou ayant souffert d’un cancer du sein et leurs proches. Ils recueillent des témoignages poignants comme celui de cette femme à Penang qui a mis deux ans avant de se faire soigner de peur que son mari la quitte. Elle ne lui en a d’ailleurs jamais parlé.

Philip Iau et Mickael Hartman à Samarcande, en Ouzbékistan.

Philip Iau et Mickael Hartman à Samarcande, en Ouzbékistan.

Le cancer, une fatalité

Le cancer serait vu comme une fatalité en Asie. « La croyance veut que si vous avez un cancer, vous êtes impuissant face à Dieu qui l’a décidé parce que vous ou votre famille avez fait quelque chose de mal », raconte Philip Iau précisant que « c’est vu comme une punition donc c’est tabou, alors vous ne parlez pas de votre cancer ou vous n’allez pas chercher à savoir si vous en avez un. »

Alors les femmes se font peu dépister. « A Singapour, elles doivent faire une mammographie une fois tous les deux ans, donc en dix ans, elles devraient en faire 5. Or le pourcentage de femmes ayant fait une mammographie en dix ans est de 40% et de 12% pour celles qui en ont fait plus d’une », souligne le Professeur Iau avant de conclure « la majorité des femmes ne vient pas même si elles sont invitées à venir. »

« The long Ride from Singapore »

Two surgeons on a Motorcycle Journey Across Asia for Cancer,

Philip Iau, Ed.Marshall Cavendish.

Singapour vue par Benjamin Martinie. ©Tolt

Singapour vue par Benjamin Martinie. ©Tolt

Et pour cela, c’est un Français, Benjamin Martinie alias TOLT, qui est derrière la caméra.

Cinq vidéos d’une minute pour changer l’image que les Français ont de Singapour, voici le défi relevé l’été dernier par le photographe et réalisateur français, Benjamin Martinie alias Tolt.

C’est en effet une enquête réalisée par l’Office du Tourisme de Singapour en France qui a montré que les Français avaient de la Cité-Etat une image associée au « business », à « l’expatriation » ou au « luxe ». Loin d’une réalité singapourienne verdoyante, multiculturelle et gastronomique. « Toutes nos actions de communication visent à changer l’image de Singapour pour que celle-ci soit plus adaptée à la réalité », explique l’Office du Tourisme de Singapour à Paris.

Et pour casser ces idées-reçues, qui de mieux donc que Tolt, spécialisé dans la réalisation de courts-métrages sur des destinations méconnues ? En effet, ce jeune Français s’est fait un nom ou plutôt un surnom grâce à ses récits de voyage version moderne qui défont les clichés. En mai 2016, il publie sur les réseaux sociaux une vidéo intitulée « Don’t go to Iran ». Evidemment c’est du second degré. Et avec ce titre provocateur et ces images pleines de vie, Tolt énonce les cinq raisons pour lesquelles « vous pourriez vivre le meilleur voyage de votre vie ». Le film de trois minutes a été vu plus d’un million de fois sur la chaîne YouTube « Tolt around the World ». Et depuis d’autres épisodes de cette web-série « Don’t go to… » ont été mis en ligne, notamment sur la Finlande et l’Algérie.

Tolt réalise donc avant l’été cinq vidéos sur Singapour destinées uniquement au marché français et diffusées de juin à fin juillet sur Facebook. Afin de déconstruire les clichés sur la Cité-Etat, quelques thèmes ont été mis en avant dans ces clips : « Singapour, une ville aseptisée et sans culture ? », « Singapour, pas authentique et sans saveur ? », « Singapour, juste du béton et des gratte-ciels ? », « Singapour, seulement pour les voyages d’affaires ? ». Le 5ème opus donne quant à lui une vision plus générale du pays.

Aériennes, accélérées ou ralenties, ces images révèlent toute la diversité et la richesse de Singapour.

« Je pense que ma « marque de fabrique » réside surtout dans le point de vue adopté dans mes vidéos, explique Benjamin Martinie. J’essaye toujours de me situer entre publicité institutionnelle -qualité de l’image, du montage- et témoignage personnel -images authentiques, spontanées et proches des populations locales dans la mesure du possible ». Avant d’ajouter, « c’est sûrement ce qui permet aux spectateurs de s’identifier et se projeter ».

Au total, les vidéos ont été vues plus de 3,5 millions de fois en cumulé. Un résultat dont l’Office du Tourisme de Singapour en France se réjouit, en espérant que les futurs touristes français envisageront désormais de rester à Singapour plus que le temps d’une courte escale.

Les vidéos ci-dessous sont également disponibles sur la page Facebook Singapour Le Mag:

« Singapour, une ville aseptisée et sans culture ? »  https://business.facebook.com/VisitSingaporeFR/videos/1695938210417385/

« Singapour, pas authentique et sans saveur ? »

https://business.facebook.com/VisitSingaporeFR/videos/1653303134680893/

« Singapour, juste du béton et des gratte-ciels ? »  https://business.facebook.com/VisitSingaporeFR/videos/1622865087724698/

« Singapour, seulement pour les voyages d’affaires ? »  https://business.facebook.com/VisitSingaporeFR/videos/1591417190869488/

Gardens by the Bay ©Colombe Prins

Gardens by the Bay ©Colombe Prins

Pour la troisième année consécutive, Singapour reste la destination préférée des expatriés, devant la Norvège et la Nouvelle-Zélande.

Une économie forte et une agréable qualité de vie familiale, Singapour ne manque pas d’attraits pour les expatriés qui classent la Cité-Etat au premier rang des destinations plébiscitées, selon l’étude menée cette année et publiée récemment par HSBC. Singapour est depuis trois ans la ville où il fait bon vivre, en considérant à la fois des critères économiques, familiaux et d’expérience vécue.

Les trois-quarts des expatriés confient dans cette enquête Expat Explorer que ce pays d’accueil offre un meilleur potentiel pour accroître ses revenus que leur pays d’origine. Les expatriés interrogés ont en effet remarqué depuis qu’ils ont déménagé une hausse de 42% de leur revenu annuel pour atteindre une moyenne d’environ 118.000 dollars US. Et c’est d’ailleurs la raison principale qui pousse les expatriés à venir s’installer à Singapour, selon l’étude de la banque.

Autre raison avancée : l’amélioration de la qualité de la vie. En effet, Singapour est une des villes les plus sûres au monde.

Toutefois, la vie d’expat reste chère à Singapour, surtout pour les familles. Selon l’étude, neuf parents interrogés sur dix précisent que les structures d’accueil des enfants sont plus chères que dans leur pays d’origine. Mais Singapour étant reconnue pour la qualité de l’éducation des enfants, « l’investissement semble en valoir la peine », précise le compte-rendu de l’enquête.

Selon le même rapport, les trois principaux secteurs d’activités qui emploient des expatriés à Singapour sont le secteur financier, le secteur des télécommunications, de l’informatique et de l’Internet ainsi que le secteur de la construction et de l’ingénierie.

Un classement mondial

Après Singapour, la Norvège et la Nouvelle-Zélande sont ensuite les destinations les plus prisées selon le sondage Expat Explorer. Sur 46 pays, la France apparaît quant à elle 23ème du classement mondial. L’Hexagone est une destination de choix pour les personnes retraitées ou de plus de 55 ans.

Les expats français

L’étude HSBC met également en avant quelques éléments concernant les expatriés français en général qui gagneraient 10% de plus à l’étranger qu’en France.

Mais « bien que plus de la moitié des ressortissants français à l’étranger sont des expatriés en série (55% par rapport à une moyenne mondiale de 43%), leurs actifs sont plus répartis entre leur pays d’accueil et leur pays d’origine que le patrimoine des autres expatriés », souligne l’enquête avant de préciser « près de la moitié (46%) des expatriés français ont de la richesse dans leur pays d’accueil et 37% ont également des actifs dans leur pays d’origine (contre 33% des expatriés à l’échelle mondiale). »

Love "Pop" Bobo Gorilla, oeuvre d'Arnaud et Adeline Nazare-Aga présentée par la galerie Art Porters. ©Artheline - Affordable Art Fair

Love « Pop » Bobo Gorilla, oeuvre d’Arnaud et Adeline Nazare-Aga présentée par la galerie Art Porters. ©Artheline – Affordable Art Fair

L’édition printanière d’Affordable Art Fair ouvre ses portes demain dans l’enceinte du F1 Pit Building. Jusqu’à dimanche, cette foire d’art contemporain à prix abordable met à l’honneur plus de 300 artistes singapouriens et étrangers. Toutes les œuvres –peintures, sculptures et photographies- sont comprises entre 100 et 10.000 SGD.

 

Singapour, la première ville hôte d’Asie

C’est en 2010 que Singapour accueille pour la première fois en Asie Affordable Art Fair. « Nous avons une scène artistique croissante et dynamique et il y a un fort engouement pour l’art ici », précise Alan Koh, le directeur de la foire à Singapour.

Aujourd’hui, Affordable Art Fair se tient dans 11 villes à travers le monde dont Hong-Kong et Séoul. Dès 2014, la Cité-Etat est l’une des rares villes à organiser deux salons par an.

« Depuis que nous avons lancé la foire ici à Singapour en 2010, nous avons vu comment nos efforts qui consistent à créer une atmosphère rassurante avec un art à prix abordable et à faire naître de nouveaux amateurs d’art à travers des initiatives éducatives et locales, ont contribué à l’augmentation d’acheteurs non seulement d’art asiatique et du sud-est asiatique, mais de tout art », explique Alan Koh.

Et pour preuve, Affordable Art Fair compte à chaque édition 50% de nouveaux visiteurs qui ne sont jamais allés à un évènement d’art avant, dont 30% qui achètent leur première œuvre d’art à cette occasion.

Le marché de l’art a évolué et les foires qui se multiplient sont devenues le lieu où collectionneurs et amateurs aiment acheter de belles pièces.

 

Une foire accessible

La particularité d’Affordable Art Fair est d’être une des foires les plus accessibles du grand public. On peut même y venir en famille et les activités pour occuper et intéresser les plus jeunes sont nombreuses.

« A Affordable Art Fair, on a l’impression que les gens qui n’y connaissent pas grand chose en art mais qui s’y intéressent, vont être plus à même de venir, de poser des questions et d’être plus direct dans la communication avec le marchant d’art ou l’artiste », raconte l’artiste français Arnaud Nazare-Aga qui y présente ses pièces très colorées chaque année depuis trois ans.

« Notre premier plaisir est de créer d’abord mais le second est de faire profiter nos créations à un maximum de personnes », précise le sculpteur avant de continuer « lors de ces foires, j’ai une vraie relation humaine avec mes clients qui m’apporte beaucoup de joie et d’inspiration ».

Demain, Arnaud et Adeline Nazare-Aga exposeront pour la première fois leurs nouvelles sculptures de gorilles façon Pop art. D’autres oeuvres d’art françaises seront également présentées comme les sculptures de Tania Nasr et les peintures de Loetitia Lemaire.

Les Palmes de Monsieur Schutz. ©The Theatre Factory

Les Palmes de Monsieur Schutz. ©The Theatre Factory

Du 14 au 17 avril, la troupe de Theatre Factory joue Les Palmes de Monsieur Schutz à l’Alliance française. La pièce aux 4 Molières est l’œuvre de Jean-Noël Fenwick. Présentée pour la première fois en 1989 sur la scène du théâtre des Mathurins à Paris, cette comédie s’inspire des découvertes scientifiques de Pierre et Marie Curie. Géraldine Gitel qui s’est occupée de la mise en scène de la pièce à Singapour, répond aux questions de Singapour Le Mag.

 

Pourquoi avez-vous choisi de faire venir cette pièce à Singapour ?

Après le succès du Carton en 2014, je souhaitais mettre en scène pour Theatre Factory une autre comédie. N’oublions pas que la communauté francophone à Singapour travaille beaucoup et les sorties théâtrales doivent aussi rester des sorties divertissantes entre amis ou en famille.

J’ai été immédiatement séduite par l’humour de cette pièce, un humour tendre, joyeux, un brin caustique mais toujours bon enfant. Les répliques fusent avec esprit tout en se mêlant à des situations complètement cocasses. Et le public rit de bon cœur mais s’instruit aussi en découvrant l’apport d’un couple emblématique, Pierre et Marie Curie.

Quelle est la particularité de cette pièce ?

C’est une pièce dynamique, légère et joyeuse mais avec de la substance, avec un vrai fond historique ce qui est tout à fait unique pour un vaudeville.

La pièce met ainsi en scène des personnages historiques, Pierre et Marie Curie bien sûr mais aussi le fameux Monsieur Schutz, inspiré par Paul Schützenberger, le premier Directeur de l’Ecole Supérieure de Physique et de Chimie industrielles de la Ville de Paris. On retrouve aussi Gustave Bémont, un collègue chimiste qui a réellement travaillé avec les Curie. Mais loin d’en faire des personnages de laboratoire austères, l’auteur crée des êtres colorés, savoureux et farfelus. Pierre devient un « geek » maladroit et idéaliste très loin de son image de physicien rigide. Marie, avec son énergie débordante, balaie tout sur son passage, notamment ses supérieurs hiérarchiques Schutz et le Recteur de Clausat. Bémont, qui ne fait qu’enchaîner les gaffes, et Georgette, la gentille fille un peu simplette, complètent ce détonnant laboratoire.

L’auteur, Jean-Noël Fenwick, a aussi construit l’intrigue dans un souci de vulgarisation scientifique tout en s’autorisant évidement de nombreuses libertés. Par exemple il attribue aux Curie le mérite d’une découverte décisive. Marie, qui après avoir caché précipitamment des photos sous une boîte d’uranium, observe que ces plaques photographiques ont été tâchées et portent la trace d’un rayonnement. Cette découverte s’est effectivement produite ainsi mais c’est le physicien Henri Becquerel qui en a fait l’observation. Et je laisse aux spectateurs le soin de découvrir le contenu de ces photos. Je peux juste promettre qu’ils ne seront pas déçus !

Quelles difficultés avez-vous rencontré dans la mise en scène de cette production ?

De toute évidence la réalisation du décor ! Sophie Bendel qui s’occupe du décor de cette production a dû reconstituer un laboratoire de la fin du 19ème siècle, début 20ème siècle avec tous les instruments de mesure de l’époque : l’électromètre Curie, le potentiomètre, le spectroscope Bémont et j’en passe. Une tâche particulièrement difficile à Singapour où il est impossible de chiner des objets d’époque dans les brocantes.

Les comédiens ont aussi dû se familiariser avec ce décor et s’approprier tous ces instruments de mesure qui font partie intégrante de la pièce. Un travail de mémorisation difficile mais essentiel pour rendre crédible la vie de ce laboratoire et rendre hommage à l’apport des Curie.

 

Pour en savoir plus et prendre vos billets en ligne:

http://ttf.sg

La danse du lion ©NUS Photo de James Hii

La danse du lion ©NUS Photo de James Hii

Depuis douze ans, Master Chan Siew Kee est l’entraîneur de la troupe de danse du lion de la National University of Singapore (NUS). Il répond aux questions de Singapour Le Mag.

Que signifie et représente la danse du lion ?

La danse du lion est un art traditionnel chinois qui se pratique notamment lors du Nouvel An chinois mais aussi pour des cérémonies de mariages ou des ouvertures de magasins. Dans la culture chinoise, le lion est un animal de bon augure qui apporte prospérité et chance à ceux qui l’invitent à venir danser.

Il existe deux courants : le lion du Nord -de la Chine, ndlr- et le lion du Sud, celui-ci se reconnaît par sa corne sur la tête. A Singapour, c’est la danse du lion du Sud qui est pratiquée et au cours de laquelle l’animal doit s’emparer d’une laitue (« to pluck the green » en anglais). Le lion peureux selon la culture chinoise tourne autour d’une salade et doit parfois affronter des obstacles comme des « faux » serpents ou des armes avant de parvenir à s’en saisir.

Au cours de la danse qui dure en général quinze à vingt minutes, le lion exprime huit états: le bonheur, la colère, la peur, les réjouissances, la suspicion, l’ivresse, le sommeil et l’éveil.

A l’occasion du Nouvel An chinois, les laitues sont garnies d’enveloppes rouges –contenant de billets neufs comme le veut la tradition chinoise, ndlr.

C’est un art mais aussi un véritable sport d’équipe ?

Une bonne équipe doit se composer de huit personnes : une porte la tête du lion, une est sous sa queue, une joue du tambour, une tape sur le gong, trois font vibrer les cymbales et une représente Boudha avec une grosse tête -sorte de clown qui taquine le lion et le public et qui guide la danse, ndlr.

A mon sens, il faut au moins cinq à six années d’entraînement pour être un bon danseur et la pratique d’arts martiaux est aussi indispensable pour en maîtriser les postures.

La musique est primordiale. Le tambour représente l’esprit de la danse du lion. C’est le joueur de tambour qui guide le lion et de sa façon de jouer dépend la performance des danseurs.

Comment vivez-vous cette passion pour la danse du lion depuis plus de 60 ans maintenant?

Lorsque j’ai commencé à pratiquer la danse du lion à l’âge de 8 ans, ce n’était pas quelque chose de commun même en plein cœur de Chinatown. Dans les années 1950, c’était lors de funérailles que l’on entendait les percussions qui accompagnaient la danse du lion. A l’époque, il n’y avait qu’une trentaine de troupes à Singapour tandis qu’aujourd’hui on en compte près de 300.

En 1990, pour le 25ème anniversaire de Singapour, j’ai été désigné comme le chef des batteurs des 11 tambours qui accompagnaient les 200 lions lors de la parade nationale.

Puis en 2004, j’ai fondé le Sar Ping Lion Dance Art Centre à Singapour qui est devenu en 2006 une confédération avec aujourd’hui plus d’une soixantaine d’équipes dans le monde entier notamment en Malaisie, en Indonésie, aux Philippines, en Chine, en Australie, aux Etats-Unis, au Canada et en France.

Depuis 12 ans, j’entraîne également la troupe de danse du lion de la National University of Singapore.

C’est dans mon sang, je dois promouvoir cet art culturel.

Vue de l'Atrium, à la National Gallery de Singapour. ©National Gallery Singapore

Vue de l’Atrium, à la National Gallery de Singapour. ©National Gallery Singapore

Après dix années de travail minutieux, la National Gallery ouvre enfin ses portes au public aujourd’hui. L’événement, attendu de longue date, est le point d’orgue des célébrations du 50ème anniversaire de Singapour. Hier soir, le Premier ministre Lee Hsien Loong a inauguré ce nouveau musée national qui représente désormais la plus grande collection publique d’art moderne de Singapour et d’Asie du Sud-Est.

C’est à l’intérieur de deux bâtiments historiques -l’ancienne Court Suprême et le City Hall- en plein centre de Singapour, que se situe la National Gallery. Ces monuments symboliques ont été rénovés pendant près de cinq ans, pour un montant total de 530 millions de dollars singapouriens (ou 350 millions d’euros).

« Nous avons maintenu un profond respect pour l’architecture originale des bâtiments, afin que les visiteurs puissent apprécier l’histoire et le patrimoine lorsqu’ils marchent dans les couloirs où les décisions monumentales ont été faites », précise Lisa Horikawa, conservatrice du musée. C’est là par exemple que les Britanniques ont accepté la reddition des Japonais, mettant officiellement fin à l’occupation japonaise de Singapour ou que l’ancien Premier ministre Lee Kuan Yew a prêté serment. La visite de ces lieux chargés d’histoire est aussi impressionnante que la découverte des oeuvres d’art exposées.

En quelques chiffres

Désormais ses murs abritent un immense musée de 64.000 m2, soit la taille de neuf terrains de foot. Cette galerie qui expose près de 1.000 œuvres d’art datant du 19ème et 20ème siècles, renferme un trésor de plus de 8.000 pièces originaires d’une dizaine de pays : Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Birmanie, Philippines, Thaïlande, Vietnam et Singapour.

La National Gallery compte deux collections permanentes. La première, DBS Singapore Gallery, présente l’exposition « Siapa Nama Kamu ? » (Quel est ton nom ? en Malais) qui met en avant l’identité de Singapour et ses liens avec l’Asie du Sud-Est et le reste du monde. La seconde, UOB Southeast Asia Gallery, est consacrée à l’exposition « Between Declarations and Dreams » qui raconte de façon chronologique –du 19ème siècle jusqu’aux années 1990- l’histoire de l’art moderne d’Asie du Sud-Est.

Un troisième espace, Singtel Special Exhibition Gallery, est quant à lui dédié aux expositions temporaires organisées en partenariat avec des musées étrangers. C’est d’ailleurs en mars 2016 que sera organisée la première collaboration internationale avec le Centre Pompidou de Paris intitulée « Reframing Modernism ». « L’exposition vise à recadrer l’histoire du Modernisme, en explorant comment les artistes d’Asie du Sud-Est et d’Europe ont abordé des dimensions conceptuelles, formelles et sociales similaires de l’art moderne », explique la conservatrice de la National Gallery. Une seconde collaboration avec la galerie londonienne Tate Britain est également prévue à la fin de l’année 2016. Pour Lisa Horikawa, « ces collaborations sont spécifiquement destinées à favoriser la compréhension de l’art moderne en Asie du Sud dans un contexte mondial. »

Pour l’inauguration de la National Gallery dont l’entrée est gratuite jusqu’au 6 décembre, une vingtaine d’événements sont organisés dans le musée ou sur le Padang au cours des deux prochaines semaines.

Pour en savoir plus sur les festivités:

https://www.nationalgallery.sg/see-do/opening-celebrations

Le circuit de Marina Bay, à Singapour ©Lotus F1 Team /Glenn Dunbar/LAT Photographic.

Le circuit de Marina Bay, à Singapour ©Lotus F1 Team /Glenn Dunbar/LAT Photographic.

Les essais libres pour le Grand Prix de F1 qui devrait avoir lieu ce dimanche à Singapour débutent aujourd’hui. Avant d’entrer en piste, les pilotes automobiles ont fait quelques déclarations au sujet de cette course devenue mythique qui a accueilli l’an dernier environ 85.000 personnes le jour J.

« C’est une course fantastique et j’adore visiter Singapour : la ville est incroyable et les habitants très amicaux », a expliqué Felipe Massa, le pilote de Formule 1 brésilien.

Le Grand Prix de Singapour est en effet un temps-fort de la saison attendu par les différentes écuries. C’est aussi l’une des courses les plus populaires de la saison.

Pour l’Espagnol Fernando Alonso, « Singapour est un endroit incroyable pour une course, vraiment unique sur tous les plans, et c’est un privilège de prendre part à un tel spectacle de nuit en tant que pilote. C’est un Grand Prix que beaucoup de gens attendent avec impatience et je suis vraiment excité d’y retourner. »

La course se déroule d’abord en plein cœur de la ville, autour des lieux symboliques de la Cité-Etat tels que le Padang, le théâtre Victoria, la Cathédrale St Andrew, la grande roue du Singapore Flyer, l’Esplanade… En face du Marina Bay Sands. « Je peux me rendre à pied de l’hôtel au circuit et c’est plutôt pratique, a déclaré le pilote finlandais Valtteri Bottas. Pour les fans, rien de mieux : on peut voir la ville et la course cohabiter. »

Le Grand Prix de F1 « Singapore Airlines » a pour principale particularité d’avoir lieu la nuit. Environ 1.600 projecteurs éclairent la piste, ce serait quatre fois plus lumineux qu’un stade lors d’un match de football. Les pilotes prennent la ligne de départ à 20 heures, lorsque la moiteur tropicale se fait moins pesante.

 

Une épreuve physique

« La chaleur et l’humidité rendent la course difficile pour les pilotes et les mécanos dans les garages », a souligné Fernando Alonso, déjà double vainqueur de ce Grand Prix.

« Il y fait chaud! Et très humide! », a déclaré le pilote Daniel Ricciardo. « Je pense que c’est à cause de ces grands immeubles en centre-ville : la chaleur n’a nulle part où aller. C’est le défi le plus physique de l’année. C’est la seule course de la saison où on ouvre sa visière pour faire rentrer de l’air frais et où on le regrette immédiatement parce qu’il fait plus chaud dehors », a expliqué le coureur automobile australien. Avant d’ajouter, « dès le tour de chauffe, la bouteille d’eau fraîche a la température d’une tasse de thé. C’est un endroit dur pour une course, mais j’adore ce défi. Je pense que c’est le cas de la plupart des pilotes. »

Le circuit de Marina Bay est l’un des plus exigeants, avec ses 23 virages sur un tracé de 5 kilomètres, et l’un des plus longs avec 61 tours de piste à réaliser.

« Le tracé est vraiment impressionnant avec des portions techniques et des virages classiques pour un circuit urbain, à 90 degrés », a commenté le pilote français Romain Grosjean. « Il y a quelques lignes droites, mais nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, virage après virage », a-t-il précisé.

La concentration est la clé. « Vous devez rester 100% concentré pendant deux heures entières, ce qui est plus difficile qu’il n’y paraît avec cette humidité de dingue !», a affirmé Lewis Hamilton. « La moindre petite erreur et vous êtes dans les barrières », a confié le vainqueur du Grand Prix l’année dernière.

 

Des horaires décalés

La préparation physique des pilotes est essentielle. « Les éléments clés sont le sommeil et l’hydratation », a estimé Romain Grosjean. « C’est une course où nous courrons à des horaires inhabituels. Une fois qu’on s’est habitué à se réveiller l’après-midi et à se coucher au petit matin, cela devient la routine », a déclaré le pilote français avant d’ajouter « j’espère que les rideaux de l’hôtel coupent bien la lumière! Sinon, ce n’est pas rare que je scotche des sacs poubelle noirs sur les fenêtres pour maintenir l’obscurité et me garantir de dormir! »

  

Un Grand Prix brumeux

Nocturne et urbain, le Grand Prix de Singapour pourrait aussi avoir à composer avec un épais nuage de pollution qui étouffe Singapour depuis plusieurs jours.

En 2014, ce même voile brumeux avait déjà contrarié légèrement le Grand Prix de F1 avec un indice PSI (Pollutant Standard Index) mesurant la qualité de l’air au cours des trois dernières heures qui était à 129 à l’heure même de la course.

Les organisateurs n’ont à ce jour pas prévu d’annuler l’événement mais continuent à « travailler en étroite collaboration avec toutes les autorités gouvernementales compétentes pour recevoir les meilleures prévisions possibles », ont-ils annoncé dans un communiqué publié cette semaine.

Pour cette 8ème édition, des masques de protection N95 seront en vente « à prix coûtant » à l’intérieur du circuit et les 24 postes de secours et médicaux ont été sensibilisés « pour gérer toutes les conditions liées à la situation ».

 

Façade du Centre d'Arts du Fort Canning ©Singapore Pinacothèque de Paris.

Façade du musée Singapore Pinacothèque de Paris, installé dans le Centre d’Arts du Fort Canning ©Singapore Pinacothèque de Paris.

« C’est une histoire d’amour, quand j’ai vu cet endroit il y a sept ans, je me suis dit que c’était vraiment là que devait être le musée », explique Marc Restellini, le directeur de la Pinacothèque de Paris au sujet de la nouvelle antenne du musée parisien qui a ouvert ses portes samedi dernier à Singapour.

Perchée sur les hauteurs du Fort Canning Hill, « Singapore Pinacothèque de Paris » renferme dans le bel écrin de son imposant bâtiment blanc de rares chefs d’œuvres.

« C’est historiquement le cœur de Singapour », précise l’historien de l’art, évoquant à cet endroit même l’installation des premiers princes de l’île puis l’établissement de la résidence de Stamford Raffles, le fondateur de Singapour. C’est aussi le lieu de la reddition des Anglais en 1942 contre les Japonais.

 

Un musée, trois galeries

Ce nouveau musée compte trois galeries. La première, gratuite d’accès, « Heritage Gallery », retrace le patrimoine de Singapour à travers des sculptures en pierre, des bijoux et d’autres œuvres d’art.

La seconde, « The Collections Gallery » également appelée « le cabinet des curiosités » regroupe une quarantaine de chefs d’œuvres jusque là très peu exposés et qui forment la collection permanente du musée. Modigliani, Rembrandt, Monet, Pollock, Rouault, Léger, Soutine… Les toiles des grands maîtres dialoguent étonnamment dans cette salle avec des pièces de l’art local tribal. Ce jeu de correspondances permet de faire le lien entre l’art d’Asie et l’art occidental.

Enfin la troisième, « The Features Gallery » est quant à elle dédiée aux expositions temporaires et accueille pour son premier vernissage « le mythe de Cléopâtre » jusqu’en octobre prochain. L’exposition déjà présentée à Paris l’année dernière, est consacrée « à la seule reine que tout le monde connaît encore aujourd’hui », explique Marc Restellini. « C’était très important de trouver un sujet qui soit fédérateur et qui ne nous enferme pas dans une image de musée qui fait des expositions uniquement avec des grands noms et des grands peintres », poursuit-il. L’exposition s’intéresse à l’archéologie, au cinéma, au théâtre et à la mode, de quoi satisfaire petits et grands.

 

De Paris à Singapour

Pour sa première antenne à l’étranger, la Pinacothèque de Paris a choisi Singapour. « L’idée de la Pinacothèque était qu’elle ait des extensions ailleurs », précise le fondateur de ce premier musée privé parisien qui a ouvert ses portes en 2007 au cœur de la capitale française. « L’Asie m’intéresse particulièrement, il y a évidemment d’autres endroits en Asie mais Singapour a une approche culturelle. C’est probablement le pays où il y a le plus de musées actuellement », poursuit Marc Restellini.

D’ici quelques mois, un nouveau musée -« National Gallery Singapore »- devrait aussi ouvrir ses portes à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Cité-Etat. Une façon donc pour Singapour de renforcer sa place de hub artistique régional et international.