C’est ce soir que le violoncelliste français Gautier Capuçon, venu pour la première fois à Singapour, donnera le coup d’envoi du festival Voilah! 2019, lors d’un concert à l’Esplanade, accompagné par le Singapore Symphony Orchestra et dirigé par le chef d’orchestre russe Vladimir Ashkenazy. 

Pour cette édition, le « France Singapore Festival » qui se tiendra jusqu’au 17 Novembre a été réimaginé pour mettre davantage à l’honneur les collaborations entre la France et Singapour dans les domaines aussi variés que la musique, le cinéma, la littérature, les arts visuels, l’éducation, les sciences, le sport, la gastronomie, le tourisme… 

Pour l’Ambassadeur de France à Singapour, Marc Abensour, « Voilah! atteste des liens forgés entre nos deux nations et sa programmation diversifiée est une célébration de la force de notre amitié à travers des décennies d’étroite collaboration dans différents secteurs. C’est pourquoi nous pensons que le festival appartient autant aux Singapouriens qu’aux Français, et nous espérons développer Voilah! comme une avenue pour de nouvelles idées qui ne peuvent être rendues possibles que lorsque nos communautés se réunissent. »

Ainsi chaque évènement -une cinquantaine environ- programmé est organisé par une institution ou une entité singapourienne. Et les partenaires tels que le National Museum of Singapore, l’ArtScience Museum, le NUS Museum, le Singapore Writers Festival, le Science Centre, le National Design Centre ou encore Gardens by the Bay sont nombreux.

Janice Koh, la marraine du festival

La marraine du festival Voilah ! 2019 est l’actrice singapourienne Janice Koh. Celle qui a interprété le rôle de Felicity Leong -la tante de Nicholas Young- dans le film « Crazy Rich Asians » de Jon Chu a également joué en 2018 dans la pièce de théâtre « La réunification des deux Corées » co-produite par TheatreWorks Singapore et le Centre Dramatique National de Tours. 

« Avoir eu le privilège de travailler dans une production qui impliquait à la fois des partenaires singapouriens et français, j’ai personnellement expérimenté comment la collaboration culturelle peut fournir de précieuses plateformes de dialogue et d’échange et, en fin de compte, aider à établir des passerelles entre différentes communautés », explique Janice Koh.

Le French Film Festival 

Cette année, la 35èmeédition du French Film Festival est organisée sous le patronage de Voilah!. Du 4 au 17 novembre, plus de 25 films seront présentés parmi lesquels des comédies comme « Made in China » ou « les Crevettes pailletées », des romances avec « Deux moi » et « Mon Inconnue » ou des drames tels que « les Drapeaux de Papier » et « Hors Normes ».

Le 16 novembre sera également projeté le documentaire « Jean Vanier, le Sacrement de la tendresse », réalisé en 2018 par Frédérique Bedos. Ce long-métrage consacré au fondateur de l’Arche qui est décédé en mai dernier devrait être suivi d’un échange sur le thème du handicap.

Enfin, Voilah! 2019 c’est aussi des expositions, des concerts, des conférences, des dégustations gastronomiques, des balades ou des spectacles en plein air… de quoi satisfaire la curiosité de tous.  

Pour Marie, « le chocolat comme la cuisine, ça vient du cœur ». Et c’est justement avec une grande bonté que ce maître-chocolatier pratique son métier.

Arrivée à Singapour il y a un an et demi à peine, la Française a installé ses cuisines à Paya Lebar, dans les locaux de l’APSN – Association for Persons with Special Needs. Marie travaille avec une quinzaine d’adultes singapouriens à faible quotient intellectuel et leur apprend à faire du chocolat mais aussi à le préparer et l’emballer pour le vendre ensuite à des entreprises.

« C’est fantastique de travailler avec eux; ils sont très drôles; ils sont pleins de vie », raconte Marie, elle aussi toujours joviale.

Un métier, une passion

« Je fais un métier génial, je fais du chocolat et je le travaille enfin comme j’aime le faire », explique la fondatrice de l’entreprise sociale Wildness.

L’équipe singapourienne de Wildness dans les locaux de l’APSN.

Marie est une gourmande. Et à force de manger du chocolat noir, elle est victime d’une rare intoxication à l’oxalate le soir de son anniversaire l’année dernière. Le chocolat c’est sa passion. Après avoir étudié dans une école de Cuisine, mention spéciale Chocolaterie, elle se perfectionne auprès du célèbre maître-chocolatier lyonnais Maurice Bernachon.

En 2011, elle fait même l’acquisition au Brésil d’une plantation sur laquelle pousse notamment du cacao.  C’est là qu’elle vit avec sa famille pendant quelques années avant de retrouver « sa maison » : la Nouvelle-Zélande. 

Marie arrive à Wellington à l’âge de 22 ans. A l’époque, elle travaille pour la chaîne hôtelière Intercontinental. Le pays des Kiwis devient son pays d’adoption dont elle a même obtenu la nationalité. Et c’est là que tout a commencé.

Une parenthèse brésilienne

En 2014, à son retour du Brésil donc, Marie, maman de trois enfants décide de créer sa chocolaterie, en travaillant notamment un fruit qu’elle a découvert à Bahia… le Cupuaçu (prononcé « Ku-poo-ah-soo ») qui appartient à la même famille que le cacao. Toutes les semaines, elle reçoit du Brésil par courrier, sous vide, des morceaux de fruits séchés qu’elle mélange à son chocolat. Une façon pour elle de faire découvrir cette chaire blanche aux nombreuses propriétés anti-oxydantes.

Autre souvenir du Brésil, le logo de la chocolaterie : un petit singe, un Capucin du Parc de Conduru.

Des prisonniers comme employés

Un soir, en regardant – installée dans son salon à Wellington- un documentaire de Pierre Bellemare sur le travail des prisonniers en France, la jeune entrepreneure a l’idée de recourir aux détenus pour l’aider dans son entreprise. Dès le lendemain, elle reçoit l’accord du « Department of Corrections » de travailler avec la prison de Rimutaka, située à une heure de la capitale, en pleine forêt.

Marie commence alors dans le quartier des femmes avant de s’agrandir et de s’installer dans la partie réservée aux hommes. Et c’est donc pour des raisons de sécurité que l’on taira son nom de famille. 

Wildness est la seule entreprise privée à être installée à l’intérieur même d’une prison néo-zélandaise. Mais pas question pour Marie de payer sa quinzaine d’employés au salaire habituellement bas versé aux prisonniers. Elle veut les payer normalement. « Ils s’occupent de l’impression des emballages, de la gestion des stocks de chocolats, de l’emballage des commandes et de la distribution jusqu’aux clients », explique Marie. Ils sont tous dans des endroits différents de la prison, purgeant des peines allant de douze ans à perpétuité, mais ils ont trouvé une façon de s’organiser. Le chocolat est quant à lui fabriqué à côté, à l’extérieur de la prison.

« Ma plus grande victoire est d’avoir donné sa chance à un détenu que personne ne voulait embaucher pour des missions à l’extérieur de la prison, raconte Marie. Il avait 27 ans lors de son incarcération et avait une peine de 30 ans à purger. Il est devenu mon chef d’équipe pendant 2 ans, il a retrouvé son estime de soi et aujourd’hui, il est employé à l’extérieur. C’est une très grande perte pour moi mais pour lui c’est bien ».  

Marie partage désormais son temps entre la Nouvelle-Zélande et Singapour, et en son absence, les détenus gèrent eux-mêmes les commandes. La Française de 40 ans a tissé de véritables liens avec ses employés d’ici ou là-bas. 

« C’est rare de ressentir autant de sentiments différents dans son métier, ajoute-t-elle. Travailler avec des personnes qui ont des besoins spécifiques n’a rien à voir avec une expérience auprès des prisonniers. »

Un chocolat exigeant

Le chocolat de Marie est noir ou rose, mais pas que… Il est aussi issu de l’agriculture biologique et provenant de plantations interdisant le travail des enfants, dans un respect profond de l’environnement. Son emballage imprimé à l’encre de soja est 100% biodégradable. « Les gens doivent comprendre que l’on peut faire du business tout en étant bio et social », conclut-elle. 

« C’est définitivement mon endroit préféré de Singapour désormais et je n’ai plus envie d’aller ailleurs », confie une Singapourienne venue hier découvrir en avant-première -comme 500.000 autres personnes depuis une semaine- le nouveau dôme de verre baptisé Jewel et inauguré officiellement aujourd’hui.

Connecté aux terminaux 1, 2 et 3 de l’aéroport et situé en dehors de la zone de transit, le complexe de 135.700 m2 est entièrement dédié aux loisirs et au shopping, avec plus de 280 magasins et restaurants. 

Le lieu inédit porte bien son nom. C’est le joyau de Changi, le temple de la modernité où règne une ambiance tropicale et décontractée. 

Haute de 40 mètres, la plus grande cascade intérieure du monde appelée le « Rain Vortex » se jette avec beaucoup d’élégance au centre du bâtiment circulaire. Autour, une forêt s’étendant sur 5 étages compte 2.500 arbres et 100.000 arbustes venus du Brésil, d’Australie, de Malaisie, de Chine, de Thaïlande et des États-Unis. 

D’ici quelques mois, de nouvelles attractions devraient ouvrir comme un pont de verre suspendu long de plus de 65 mètres, un immense filet de trampoline perché à plusieurs mètres de hauteur, un labyrinthe végétal ainsi que des toboggans en tous genres.

Jewel abrite également un cinéma, des services d’hôtellerie, de conciergerie, des bornes d’enregistrement automatiques, le musée de l’aviation… Au total, le projet aura coûté 1,7 milliards de SGD.

L’architecte Moshe Safdie à l’origine de ce projet, s’est inspiré du film Avatar sorti en 2009 pour concevoir Jewel. Pour l’architecte israélo-canadien qui a également réalisé le Marina Bay Sands (MBS), « Jewel deviendra une icône pour Singapour, pas moins que MBS », a-t-il confié à des journalistes la semaine dernière.