Swapaholic, lorsque le troc de vêtements devient high-tech et à grande échelle.

Un vide-grenier dédié aux accessoires de mode était organisé par Swapaholic, dans la rue d'Amoy Street, samedi dernier. ©Swapaholic

Un vide-dressing dédié aux accessoires de mode était organisé par Swapaholic, dans la rue d’Amoy Street, samedi dernier. ©Swapaholic

Dans la rue d’Amoy Street fermée aux voitures le temps d’un week-end, une cinquantaine de personnes participait samedi dernier à un grand vide-dressing consacré aux accessoires de mode et organisé par la jeune entreprise Swapaholic qui en un an et demi, a réussi à s’imposer dans le secteur du troc vestimentaire grâce à son concept un peu particulier.

« L’échange de vêtements n’est pas un nouveau concept, il existe dans le monde entier, mais la façon dont nous le faisons, en tant que modèle d’entreprise à grande échelle, est nouvelle », explique Priyanka Shahra, directrice de Swapaholic.

Lorsque cette passionnée de mode s’est rendue compte que « la fast-fashion (la mode rapide, ndlr) était la seconde industrie la plus polluante au monde », la jeune femme était sous le choc, et a voulu comprendre pour agir.

« La fast-fashion introduit en magasins 52 micro collections par an, ce qui veut dire que toutes les semaines, de nouveaux articles sont produits », détaille Priyanka Shahra avant d’ajouter que « les statistiques montrent que les femmes ne portent seulement que 20 à 30% de leur garde-robe, les 70-80 % restant sont en très bon état ».

Alors que faire de cet excès de vêtements ? Comment optimiser ce que l’on a déjà acheté ? Comment réutiliser ces ressources déjà produites ?

Pour décourager l’achat de vêtements neufs, Swapaholic propose d’échanger les pièces de son placard que l’on ne veut plus mettre contre d’autres d’occasion. La start-up vient récupérer à domicile ces articles prêts pour le troc et vérifie la qualité de chaque pièce. Les vêtements tâchés ou abîmés sont refoulés et renvoyés à leur propriétaires, ou donnés à des associations.

« La genèse de Swapaholic est intéressante car l’idée était au départ de troquer une pièce contre une autre, mais petit à petit, nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas juste. Que se passerait-il si vous apportiez une jolie robe en soie et qu’il ne vous restait pas d’autres choix que de repartir avec un tee-shirt, le système ne serait pas viable pour vous ? » explique Priyanka Shahra.

C’est alors que cette férue de technologies, décide de créer un algorithme qui définit un système de points attribués à chaque article, fondé sur plusieurs paramètres tels que la marque, la matière… Ces points sont ensuite crédités sur le compte de l’utilisateur et constituent son budget à dépenser lors du prochain vide-dressing Swapaholic.

En triant sa garde-robe, Hui Xin, une singapourienne de 34 ans a ainsi récolté 70 points sur son compte. Samedi dernier, elle a trouvé son bonheur en choisissant deux foulards, une paire de chaussures, des boucles d’oreilles et un bracelet, le tout pour 20 points. Il lui en reste encore 50 à utiliser dans les 6 prochains mois. « J’aime beaucoup l’idée car nous avons beaucoup de vêtements que nous ne portons pas et c’est un gâchis de les jeter alors qu’ils sont encore presque neufs », explique Hui Xin.

D’autres sont aussi séduites par le concept. Comme Virginie qui le faisait déjà avec ses amies mais « là c’est à une échelle plus industrielle », confie-t-elle. Pour Marine, « l’idée c’est d’avoir une empreinte carbone zéro d’un point de vue écologique et de découvrir de nouvelles choses qu'(elle) ne trouverait pas ailleurs », raconte la jeune femme qui est venue avec son fils car c’est aussi une façon d’« éduquer les enfants à acheter plus responsable », dit-elle.

Accro au shopping, Priyanka Shahra, directrice de Swapaholic, est devenue accro au  troc. ©Swapaholic

Accro au shopping, Priyanka Shahra, directrice de Swapaholic, est devenue accro au troc. ©Swapaholic

La start-up quant à elle se rémunère grâce aux frais d’enregistrement que paie chaque client pour avoir le droit d’échanger et de participer aux vide-dressing.

Aujourd’hui, Swapaholic compte près de 4.000 client(e)s ayant déjà participé à au moins l’un des quinze évènements organisés depuis janvier 2017. Le prochain aura d’ailleurs lieu le 23 Novembre à la Mandarin Gallery.

Mais Priyanka Shahra « veut créer un impact et un impact à grande échelle », explique-t-elle. Pour cela, la jeune indienne de 33 ans installée à Singapour depuis 5 ans, envisage de lancer le concept en ligne dés 2019. Le principe reste le même mais il sera désormais possible de choisir en ligne parmi les 5.000 à 6.000 articles de seconde main, celui ou ceux que l’on souhaite acheter avec ses points. « Nous devons continuer à évoluer », précise Priyanka Shahra qui voit les choses en grand. Swapaholic « ne doit pas être en concurrence avec d’autres acteurs du marché de la seconde main mais avec ceux du secteur de la mode », conclut-elle.